A propos d'ETT
J'ai eu la chance de rencontrer sur mon chemin l'ETUI en 2019 et de suivre sa haute Formation Européenne. J'ai suivi le premier stage ETT1 à Cracovie, au mois de décembre 2019, après un atelier sur le portfolio à Lisbonne, à Février 2020, et j'ai terminé le parcours de formation à Bruxelles, exactement après deux ans, à Décembre 2021.

Le début du rêve dans la niège
Avant le Covid, avant que notre vie ne change... il y a eu un événement magnifique et perturbateur qui a changé la perception de moi en tant que formatrice, mais surtout de mes désirs et de moi en tant que personne dans le monde.
Grâce à ma connaissance des langues, j'ai été sélectionnée pour commencer le parcours de formation syndicale ETT (training of Eurotrainers) et ainsi, je me suis envolée, aux portes de l'hiver, dans la froide Pologne. Nous étions en décembre et les journées étaient courtes - aussi parce que nous étions à l'Est - et glaciales. Et pourtant, je me souviens de ces cinq jours comme magnifiques. Après de nombreuses années, en effet, je m'immergeais à nouveau dans un contexte international, parmi des personnes de tant de nations différentes, et j'entendais parler des langues proches et lointaines. Une Babel, en somme. Je ne savais pas ce qui m'attendait : l'émotion était grande, les attentes aussi. Je savais que j'entrais dans un contexte de haut niveau. Et mon intuition m'a dit du bien !
Le cours a été une immersion progressive dans le monde ETUI (European Trade Union Institute) : nos formateurs ont constitué des groupes de nationalités mixtes et nous sommes partis (e) s présenter nous et nos vies et nos passions, notre organisation syndicale, et dire - plus ou moins - pourquoi nous étions là.
Le reste a été une immersion dans le parcours de la formation syndicale européenne. On nous a expliqué le contenu, le temps, les objectifs, puis on a analysé les aspects pédagogiques de la formation des adultes, puis l'importance de la communication dans un contexte multiculturel. L'élément de la communication est celui qui m'a le plus frappé, parce que, quand on vient de lieux différents, on a aussi des modalités de communication, verbale, para-verbale et non verbale, différentes, c'est pourquoi il est très important d'insister tant sur le message lui-même, c'est-à-dire de le répéter, tant sur la certitude qu'il est passé de manière positive et correcte et qu'il n'est pas trop influencé par sa propre Weltanschauung.
Nous avons ensuite procédé à l'élaboration de travaux de groupe, centrés précisément sur l'utilisation des différentes modalités pédagogiques et didactiques que chaque participant apportait au travail commun. Ce fut une construction à partir des fondations d'un projet qui a pris en compte les différentes sensibilités, formations, expériences. J'ai travaillé avec le groupe français.
J'étais incertaine de savoir si je devais construire le portfolio en anglais ou en français : dans un premier temps, j'avais opté pour l'anglais ; ensuite, le grand amour pour la France et la langue d'outre-mer m'ont fait pencher pour le français.
J'ai appris à connaître de différentes façons d'être syndiqué et de faire de la formation. J'ai connu des outils didactiques et pédagogiques nouveaux qu'ETUI utilise et j'ai enrichi mon bagage de formatrice de suggestions, de jeux didactiques, de divers modes de présentation et de travail. Un univers s'est ouvert à moi que je me suis proposé à nouveau d'explorer le plus possible.
Ces six jours ont volé, à la fois pour l'intensité du travail, et pour la beauté du contexte : la ville merveilleuse, que j'ai revue après près de quinze ans, un groupe de formateurs et de tuteurs remarquable, le bonheur pour moi de parler à nouveau quotidiennement l'anglais et le français, des compagnons et des compagnes fantastiques, avec lesquels s'est créée une amitié qui continue.
J'ai toujours su, depuis que j'ai rencontré l'anglais sur mon chemin à onze ans, que dans mon destin il y aurait d'autres langues et d'autres cultures. Pouvoir les utiliser pour un objectif aussi important pour moi que la formation était incroyable !
N'oublions pas non plus la vodka à profusion qui réchauffait les nuits glacées d'une ville enchanteresse, recouverte de lumières de Noël qui la rendaient magique. Rappelons les précieux conseils de Gabriela, Olivier et Dariusz. Je me souviens de la ponctualité absolue qui nous a été demandée et le fait de ne pas avoir entendu le réveil le dernier matin... ! Je me souvines de la neige qui nous a accompagné doucement pendant une semaine. Je me souviens, plus que tout, des sourires entre nous et la conscience qu'une porte nouvelle et pleine de surprises s'était ouverte. La différence est une richesse, toujours. C'est peut-être ma devise pour Cracovie.

Le soleil entre l'étude et la structure
Après deux mois environ qu'on s'était connu(e)s dans la charmante, gélée Cracovie, on s'est retrouvé(e)s dans la printannière, accueillante Lisbonne. Avec 24 - 25 dégrés, il semblait qu'un an était passé.. Presque deux ans auraient dû contraire passé avant de nous rencontrer pour la troisième fois à Bruxelles...
Lisbonne nous parlait la langue de la mer, des conquêtes anciennes, nous chantait la "mélancholie de la distance" du fado et nous recontait comment l'idée du portfolio pouvait (et aurait dû) devenir réalité, à travers les mots des responsables du stage, de professeur(e)s universitaires, de témoignanges en vidéo de personnes qui l'avaient déjà complété.
Le soleil nous a uni et on est devenu(e)s quelque chose de plus que collègues: on est devenu ami(e)s; en plus, il y avait d'autres personnes, par rapport à Cracovie, et donc on s'est heureusement mélangé(e)s.
La merveilleuse architecture manuéline a accueilli et structuré l'architecture du portfolio, pas trop simple à (toute) comprendre.
La beauté de la ville nous a fait oublier les premiers soucis inhérents au covid (en Italie surtout...).
Les nuits à marcher, écouter de la musique, parler, boire, observer les endroits, les lumières, les gens dans le Bairro Alto et à Alfama nous ont donné le juste enthousiasme pour faire face au "mystère du portfolio" et vouloir le découvrir!
Gabriela Portela, la responsable du parcours européen ETUI, jouait à domicile et nous a poussé à nous interroger, à demander, à continuer jusqu'au bout (Lille!).
J'ai commencé à connaître ce site (Webnode) et a penser à l'articulation du portfolio :
parties - chapitres - paragraphes (structure)
expériences - descriptions - réflexions (contenus)
On a nous dit qu'il faudrait penser à comment le "dessiner", du point de vue de la structure, écrire d'Etui et du parcours européen, choisir trois différentes espériences de formation : une nationale, une seconde internationale, une troisième d'innovation. On nous a montré des sites à pouvoir utiliser, nous conseillé d'ajouter des photo, des liens, des vidéos. Et après, d'utiliser un touche personnel
J'ai meme commencé à écrire quelques choses, pour ne pas oublier les enseignements et pour avoir des traces de travail pour l'avenir.
Critique de l'atelier
L'atelier de Lisbonne a été donc un atelier pédagogique sur la construction de l'e.portfolio, la partie finale du parcours de formation européen d'ETUI.
On nous a montré des portfolios et expliqué la structure du portfolio.
Cependant, ils ne nous ont pas expliqué clairement comment faire, ce qu'ils attendaient vraiment, et ils ne nous ont pas vraiment fait travailler sur le portfolio. C'était probablement un choix méthodologique précis, et même pédagogique.
Par rapport à la structure, on nous a été expliqué comment la construire, à partir de l'introduction jusqu'aux parties constitutives nécessaires et à la réflexion sur des éléments d'acquisition, de transformation, de perspectives à insérer dans les différentes activités de formation. On nous a dit de le diviser en chapitres (ou parties), ce qui était facile à comprendre en regardant les portfolios qu'ils nous ont montrés.
A Lisbonne, l'équipe ETUI a réitéré les étapes du parcours et les dates (puis renversées à cause du covid). Je peux dire que l'évaluation de l'atelier n'a été que partiellement positive, car il me semble que je suis rentrée chez moi avec plus de doutes et d'hésitations que lorsque je suis partie. Probablement la découverte est comme celle des archéologues qui, à la fin du XIXe siècle, se sont aventuré(e)s dans des lieux et entre des peuples dont ils n'avaient lu que quelque chose. Le reste, était une expérience sur le terrain, une entrée dans des champs inconnus et l'engagement pour trouver des moyens de les comprendre.
La structure du portfolio qu'on nous a présenté pendant l'atelier de Lisbonne :


Les chansons de chaque Pays sous la pluie
De Lisbonne à Bruxelles, le monde a changé. Celui libre, insouciant, potentiellement infini que nous connaissions a été balayé par une épidémie virale qui est rapidement devenue une pandémie. Et maintenant, c'est une syndémie, c'est-à-dire une série de problèmes de santé, environnementaux, sociaux et économiques qui a de lourdes répercussions sur les personnes, en particulier sur les groupes de population défavorisés.
Lisbonne a été le « juste à temps » de la normalité qui déjà là, dans le merveilleux et accueillant Portugal, on sentait qu'elle se colorait de teintes sombres. Depuis la fin de l'atelier sur l'e.portfolio, un abîme s'est ouvert où la peur pour sa propre vie et le déni de la vie elle-même pendant de longues périodes ont irrémédiablement changé nos vies.
L'organisation du deuxième cours pour eurotrainers ressemblait à un hasard, ou à une utopie. C'était pour moi un rêve, dans une situation où le voyage, l'échange, étaient un pâle souvenir.
Malgré les craintes et les hésitations, j'ai décidé d'y participer. Heureusement. Bruxelles m'a redonné l'envie de voyager, entendue comme un concept existentiel de mouvement pour ressentir des émotions et de la curiosité et trouver du renouveau et de la connaissance.
Le deuxième cours Etui nous a malheureusement tous vus masqués et à une distance stricte... cette limite physique a un peu affaibli la qualité globale du cours, car, comme nous l'ont dit les enseignants et les tuteurs, il a empêché certains travaux de socialisation. Même le fait de ne pas pouvoir être trop près, ni voir les lèvres des gens, et ainsi, leur expression accomplie, a été une limite. Pour le reste, c'était un retour à la vie et aux considérations, laissées un peu en retrait pour des raisons liées à la survie, à l'importance de la formation, à la valeur de la formation européenne, à l'échange comme meilleur instrument de maturation.
Dans ce cours, l'accent a été mis sur l'évaluation et sur certains outils pour la réaliser, comme la Swot analysis et la taxonomie de Bloom, une source de réflexions et un potentiel important, à reproposer sans aucundoute dans mon activité de formatrice. Les travaux de groupe ont été continus et cela a peut-être un peu perdu un échange à trois cent soixante degrés et le sens unitaire de la salle, déjà légèrement affaibli par les restrictions anti-covides. Ou peut-être qu'on aurait pu faire tourner les groupes, pour prendre plus de vue. Dans mon cas, être dans un groupe de toutes les personnes d'une même nation, pour la plupart des locuteurs natifs, a été un peu limitatif et pas toujours facile ou stimulant.
J'ajoute un autre élément intéressant de ce cours : la différence sur les méthodes d'évaluation entre les pays. Je dois dire que la France en a beaucoup plus. Je pense que la phase d'évaluation s'y fait de manière plus complète, surtout si je pense que dans mon expérience l'évaluation à froid n'a jamais été faite. Il est clair qu'ici compte l'approche pédagogique à la formation, et aussi probablement l'investissement que CFDT et CGT font respecter, au moins à la CGIL.
je me souviens de la pluie incessante qui moud donnait le rythme à la tête et au coeur. et les chansons dans nos différentes langues la dernière soirée que nous a donné la beauté des différences.
Considérations sur les deux stages Ett 1 et Ett2
La descriptione des contenus et de l'expérience est décrite dans chaque paragraphe des deux stages. Je vais écrire ici les parties critiques et difficiles et la leçon (immatérielle) que j'ai eu et découvert à Cracovie et Bruxelles.
La première chose difficile qui me vient à l'esprit a été la demande non négociable, par l'équipe, d'une observation précise de l'heure d'alerte dans la salle. Le début de l'activité était en effet fendu à la seconde. Je dois avouer que j'ai du mal le matin à me lever, soit pour une légère insomnie, soit pour un biorythme lent ; de plus, en Italie, dans le syndicat, comme aussi dans les rapports personnels, l'horaire est parfois une simple formalité, ou en tout cas il a un caractère de flexibilité ou quasi d'interprétation personnelle... ! À Cracovie, par exemple, j'ai quand même réussi à arriver toujours à l'heure, sauf le dernier matin, quand, pour une nuit qui s'est terminée vraiment tard, je n'ai pas entendu le réveil... retard au cours, valise à finir, chambre à laisser... un beau gâchis !
En dehors de cela, et pour en venir au stage en lui-même, je dois dire que la difficulté et la problématique ont été pour moi d'être dans un groupe totalement francophone. Il est vrai que j'ai été la seule non française à avoir choisi d'écrire le portfolio en français, mais le choix de l'équipe de formateurs de m'insérer à deux reprises dans un groupe de locuteurs natifs français n'a pas été, à mon avis, impeccable. À Cracovie, j'ai travaillé avec quatre Français (trois hommes, une femme). L'équilibre entre les sexes était respecté. A Bruxelles, les quatre Français étaient des hommes. J'ajoute que tous (et la camarade aussi) jouent des rôles plus élevés que moi dans la formation, qu'ils s'en occupent de manière exclusive ou prépondérante, sauf dans un cas. Il y a eu deux problèmes : linguistique - bien que je connaisse bien le français, ce n'est pas ma langue maternelle et je ne peux pas rivaliser à 360 ° dans une conversation avec ceux qui le parlent comme première langue ; didactique - trois formateurs sur quatre étaient, dans les deux cas, de la CGT, l'autre de la CFDT. L'organisation de la CGT est granitique, articulée, complète à tous égards, rigide. Même le collègue de la CFDT avait, j'ai remarqué, des modalités de rédaction de projets de stage ou de parties de celui-ci analogues. Il me semblait qu'ils se souvenaient, presque mécaniquement, qu'il s'agissait de faire du vélo et que quatre et quatrehuit avaient compilé des schémas et écrit des objectifs et du contenu. Dans ce contexte, j'ai eu un peu de mal à m'insérer et à participer activement et à dire ce que je pensais ou proposais. C'était certainement instructif, de les observer, d'apprendre certaines de leurs expertises, mais c'était aussi fatigant et un peu frustrant. J'ai essayé d'intervenir, mais surtout à Bruxelles, je pensais que dans un groupe mixte, où personne ne maîtriserait parfaitement la langue, j'aurais fait plus et j'aurais été plus écoutée. J'a' écrit sur la feuille de l'évaluation à Bruxelles que cela avait été une limite pour moi : de connaissances (d'autres cultures syndicales), d'être au même niveau et donc avoir mon mot à dire.
Cette difficulté, évaluée après un certain temps, je l'ai réduite, en la regardant sous une autre perspective : mon français a sans doute bénéficié au maximum d'être dans un groupe francophone et, même si parfois de manière non directe, je suis entrée dans la mentalité française. J'en ai bénéficié - je l'ai perçu clairement - dans le stage parisien, où je n'ai jamais eu peur de la langue, et où j'avais une idée de la façon dont le stage se développerait techniquement, ayant pris part à un travail d'équipe avec des personnes françaises, presque toutes de la CGT.
Last but not least, en m'attachant à la réflexion personnelle sur les langues étrangères, une considération importante, à mon avis, sur la culture. La formation, c'est avant tout la culture : faire la culture, transmettre la culture, échanger la culture, connaître et reconnaître la culture. La formation dans un contexte multiculturel et multilingue a plusieurs caractéristiques à prendre en compte. La langue est un véhicule, mais aussi un obstacle possible. La langue est expression verbale, la culture est aussi expression non verbale et para-verbale. Ces caractéristiques varient, en fonction - justement ! - des différentes langues et cultures. Dans un contexte international tel qu'Etui, la langue est traduite, elle n'est donc pas originale et universelle, c'est-à-dire qu'elle répond parfaitement à la Weltanschauung de celui qui la prononce et de celui qui l'écoute, elle n'est donc pas universelle, c'est-à-dire entendue de manière égale pour tous. La langue, enfin, est une interprétation et cela vaut encore plus pour une langue étrangère. Il faut donc prêter attention aux mots utilisés et aux intentions qui les produisent, car les composantes « variables » sont multiples. On peut dire que réfléchir, être conscient des passages, des différences, du processus que nous venons de décrire est un exercice de démocratie, bien avant et bien au-delà de la compréhension linguistique. Il faut d'abord considérer qu'on est différent(e)(e )s et respecter toutes les différences.
Si je devais enfin dire ce qu'est pour moi la formation multiculturelle, je dirais qu'elle est conscience des différences comportementales, éthiques, relationnelles, concernant les valeurs. Le plus grand enseignement tiré de mon expérience avec Etui est de réfléchir sur chaque détail avant d'agir. et considérer que pour chaque question il ya plus qu'une réponse et une possibilité.